Makaibari Tea Estates jour 2 et 3 : les 07 et 08 Avril
Debout 7 heures, apparement je n'est pas dû ronfler trop fort, car dans le journal pas d'annonce du retour du Tigre du Bengale! Et ce malgré le rhume que je me traine depuis Siliguri.
En effet je ne vous l'avais pas dit pour pas vous inquieter, mais à Siliguri (pour ceux qui ne suivent pas, se reporter à un article précédent), j'ai chopé un rhume carabiné. Ca devait être à l'hotel car dans ma chambre il y avait unventilateur au plafond, un de ces ventilateurs que vous trouvez habituellement lors de vos voyages en pays chaud (si vous n'avez pas les moyen de prendre une chambre avec clim, si elle existe..)
Un de ces ventilos d'un autre age, qui brasse un air moite, qui en vitesse lente ne dérange même pas les mouches, et en vitesse rapide tu as l'impression que les Indiens viennent d'acheter l'A380 et qu'ils font les essais dans ta chambre!! Tu as l'impression que bientôt c'est ta chambre qui va tourner autour du ventilateur.
Et comme par hazard il est juste au dessus de ton lit, et il oscille et branle dangereusement. Tu te dis que s'il se décroche, comme c'est inévitable, dessous, il va y avoir du salami en tranche, ( j'entends déjà ceux qui sont de mauvaise foi, contester le terme de salami, mais je persiste et signe, bande d'envieux!!)
Enfin ce foutu ventilo m'a provoqué une crève carabinée! Et depuis je traine ça. Imaginez tout ce que j'ai vécu depuis, mais avec le nez bouché!! Vous qui n'arrivez même pas à monter la côte du Fousseret à vélo sans assistance respiratoire! Mais je m'auto-médique et ça s'améliore lentement.
Au petit dej hie,r le 7, ce qui a eu le plus de mal à passer, c'était les légumes au curry. Pour le reste, thé, omelette et Chapatis (sorte de pancakes salés), ça allait. Au petit déjeuner aujourd'hui, le 8, rebelotte curry à 7 heures!
Et là tu te dis que tu n'aurais pas dû tout finir par politesse, on a pensé que tu adorait...
Vers 9 heures, je suis revenu à l'usine ou la fabrication du thé battait son plein.
Les petites feuilles sont séchée soit directement dans des machines ou un ventilo géant, alimenté par une chaudière à charbon (même fournisseur que pour le Toy Train, sans doute) pour ce qui est du black tea, soit aprés fermentation d'une durée variable de 12 à 18 heures sur des séchoirs mais ou on leur conserve 70% d'humidité . Puis ces feuilles sont malaxées dans des machines d'un autre age mais superbes. et enfin elles sont calibrées pour donner le produit final. Ici on produit principalement 5 sortes de thé:
- First Flush Vintage, le premier thé de la saison qui a profité de trois mois d'hiver pour prendre son arôme, récolté de mi-mars à mi-avril (je suis en plein dedans).
- Second Flush Muscatel, qui est récolté ensuite (mon préféré)
Et surtoût tout est bio, ORGANIC comme on dit ici. Aucun produit chimique n'entre ni dans la culture des theiers, pas d'engrais ou de traitement chimique ni dans son élaboration. Et l'usine a beau sembler vétuste, elle est certifiée ISO 9001 et la traçabilité n'est pas un vain mot. Tout est contrôlé, échantilloné, pesé, recontrôlé du début à la fin du process.
Et c'est pas du blabla, c'est le boulot de Niru, mon hôte, et je l'ai suivi sur ces deux premiers jours.
Macaibari Estates et son usine existent depuis 1859 et la propriété est transmise de père en fils depuis. Rajah Banerjee est la quatrième génération. C'est trés rare qu'une entreprise de thé de cette importance à Darjeeling soit toujours propriété d'une même famille et non d'une société nationale ou multinationale. Il a en outre été un des premiers à se lancer dans le tout bio il y a longtemps. De plus il est reconnu mondialement pour son action tant sociale, qu' en faveur de la bio-diversitée.
De plus c'est un personnage extraordinairement sympatique, interessant et plein d'humour.
Et je ne suis pas payé pour dire ça, c'est même moi qui paye..
J'en parle en connaissance de cause, j'ai eu la chance de rester avec lui toute la journée du 8 mars. Ce coup de bol est venu, d'un autre coup de chance.
Mademi vous le dira, en voyage je me lie facilement (J'en entends encore qui font des réflexions salaces, toujours les mêmes! je vais donner des noms!) que ce soit avec des chameliers de Pushkar ou avec des joueurs de cartes sur un trottoir à Jaipur.
Ici j'ai rencontré un acheteur de thé, importateur, un français trés sympa, Michel FINKOFF.
RAJAH BANERJEE et MICHEL FINKOFF
Il parcours cette partie du monde pour acheter des thés pour de multiples clients en France. Bien que travaillant seul, il représente prés de 10% du thé consommé en France. Ses terrains de jeu préférés sont l'Inde et Ceylan (Sri Lanka... toujours pour les cruciverbistes). Il fait un métier qui fait réver, il est auto-didacte et il est passionnant.
Ayant sympatisé, il m'a proposé de rester avec lui et avec Rajah Banerjee lors de la finalisation de ses achats de First Flush à MAKAIBARI et d'assister à tout ce qui se passe jusqu'à l'expédition, demain, de son thé vers la France.
Comme c'est un des plus anciens clients du domaine, il est devenu ami avec le propriétaire, qui m'accepté avec eux. J'ai donc eu le privilège de les suivre toute la journée.
J'ai dégusté des litres de thé, j'ai appris pleins de choses, j'ai bien rigolé aussi, car ces deux là n'ont pas l'humour dans leur poche. Nous avons eu des discussions sur pleins de sujets passionnant, sur le bio (un credo pour eux), sur le commerce équitable et l'escroquerie que représentent les Labels (qui n'ent sont pas d'ailleurs, plutôt des logos ou marques) comme Max Havelaard, ils en parlent en connaissance de cause, ils sont adhérents! etc
C'est ça aussi que j'aime dans les voyages, tu rencontres des gens, et tu te trouves un peu moins con aprés qu'avant.
J'ai également, grace à Rajah Banerjee, rencontré un de ses amis, un écrivain, journaliste et historien qui m'a donné et dédicacé un de ses bouquins: "L' Histoire de Darjeeling". Un homme trés cultivé et trés marrant lui aussi.
Mais les moments extraordinaires c'est aussi comme hier aprés-midi, quand je suis parti avec des cueilleuses de thé pour "travailler" avec elles.
Elles bossent 8 heures par jour pour 70 roupies ( 1€ 10) dans des conditions trés difficiles.
Elles étaient mortes de rire à me voir essayer de trouver les feuilles bonnes à cueillir, en perdant sans arrêt mon équilibre sur la pente. De plus elles ont voulu à tout prix que je mette le Doko, le panier en osier qui se porte grace à une lanière sur le front. Je devais avoir l'air franchement ridicule, mais on a passé un bon moment.
Le bouquet étant quand le contremaitre a voulu les prendre en photo avec moi, certaines faisaient leus timides, les autres les chambraient, et moi avec mon Doko....
Et tout cela sans parler un seul mot en commun, j'étais le seul à parler anglais. Pas sûr que cet aprés-midi, j'ai gagné mon repas du soir en tant que cueilleur.
Voilà quelques instantanés de ces deux jours, et j'aurais tant d'autres choses à raconter, mais on le gardera pour mon retour.
Ca y est Martine et mes filles, viennent de se dire: il va encore falloir se fader des "soirées diapos" à la place de "Desperate Housewives"!
ET oui !!!